Croisière sur le Nil : un voyage pharaonique au fil du fleuve

Pendant huit jours, notre groupe ESCAL a vogué sur les traces des pharaons à bord du Princess Sarah II, un bateau de croisière 4★ (NL) devenu notre maison flottante. Sous un soleil éclatant oscillant entre 35 et 40 °C, nous avons découvert une Égypte à la fois grandiose, accueillante et pleine de contrastes.
Les paysages du Nil, les temples millénaires et les couchers de soleil dorés ont rythmé nos journées, ponctuées de rires, d’étonnements et de moments suspendus.
Certes, nous avons aussi mesuré le revers de ce décor : de longues files de bateaux à quai, quelques fumées de moteurs, un peu de bousculade parfois. Mais ces détails se sont vite effacés face à la beauté du voyage et à la chaleur humaine de ses rencontres.
L’Égypte nous a offert un véritable condensé d’histoire, de couleurs et d’émotions — un pays fascinant, vibrant, inoubliable.

Jour 1 — Louxor, premières lumières d’Égypte

À notre arrivée à Louxor, la chaleur nous a enveloppés comme un voile brûlant. Après un accueil souriant et un verre de karkadé bien frais, chacun a pris possession de sa cabine.
Quelques-uns sont montés sur le pont pour admirer la vue sur le Nil : le bateau était à quai, prêt à nous porter dès le lendemain. Le calme du fleuve contrastait avec l’animation du port et les nombreux navires amarrés côte à côte. Cette densité de bateaux et les panaches de fumée à l’horizon rappelaient combien le Nil est un axe de vie essentiel, et combien le tourisme y est intense — l’un des rares bémols d’un séjour par ailleurs magique.

Le soir, cap sur le temple de Louxor, baigné d’une lumière dorée.
Découvrir ce site de nuit a été un moment fort : les colonnades géantes semblaient s’élever vers les étoiles, et les reliefs prenaient vie sous les projecteurs. L’ambiance était presque irréelle : la pierre, la chaleur, le silence impressionnant du lieu.
C’était notre premier pas dans l’Égypte antique, celui où l’on réalise enfin : nous y sommes.

Jour 2 — La Vallée des Rois, l’atelier d’albâtre et Hatchepsout

Dès l’aube, nous avons pris la route pour la Vallée des Rois, l’un des sites les plus emblématiques d’Égypte. Le soleil était déjà haut et la chaleur écrasante annonçait une journée intense.
À l’intérieur des tombeaux, il faisait encore plus chaud qu’à l’extérieur : l’air était lourd, presque étouffant, et la présence de nombreux visiteurs rendait l’atmosphère humide. Malgré tout, l’émotion dominait. Descendre dans ces couloirs vieux de plusieurs millénaires, entourés de hiéroglyphes et de peintures presque intactes, reste une expérience inoubliable.

Nous avons visité quatre tombeaux :

• KV8 – Mérenptah, fils de Ramsès II, vaste et richement orné ;
• KV16 – Ramsès Iᵉʳ, court mais magnifiquement décoré ;
• KV62 – Toutankhamon, le plus célèbre, avec la momie toujours présente sous sa vitrine climatisée ;
• et KV11 – Ramsès III, aux couleurs saisissantes et aux plafonds constellés d’étoiles.

Pour ma part, c’est la tombe de Toutankhamon qui m’a le plus marquée.
Savoir que ce jeune pharaon a été découvert quasiment intact, que sa momie repose encore là où elle fut trouvée, sous cette protection de verre, c’est quelque chose d’émouvant.
Quand on pense qu’un de ses successeurs avait voulu effacer jusqu’à son nom, et qu’aujourd’hui il est l’un des plus connus d’Égypte… il y a quelque chose de profondément symbolique, presque poétique, dans cette revanche du temps.

Sur le chemin du retour, nous avons fait une halte dans un atelier d’albâtre.
Les artisans nous ont montré comment reconnaître les vraies pierres des imitations, polissant sous nos yeux de petits vases et statuettes. Certains sont repartis avec leurs premiers souvenirs, d’autres se sont simplement arrêtés pour admirer le résultat du travail des sculpteurs dans la boutique.

Puis, changement de programme : ce qui n’était prévu que comme un arrêt photo s’est transformé en véritable visite.
Avant de descendre du car, notre guide Asser nous a fait une courte introduction sur le temple d’Hatchepsout, expliquant son histoire et son importance.
Nous avons ensuite visité le site librement.
Le temple, adossé à la falaise, est impressionnant par sa forme et son emplacement : ses terrasses s’élèvent en parfaite symétrie, presque modernes dans leurs lignes. De l’extérieur, le spectacle est grandiose. À l’intérieur en revanche, le site est plus sobre ; ce n’est pas le plus riche des temples en termes de décorations, mais son architecture et la vue depuis l’esplanade valent à elles seules le détour.

Sur la route du retour, un court arrêt devant les Colosses de Memnon a permis quelques photos avant de regagner le bateau.
La navigation a débuté en fin de journée ; le Nil a offert son premier vrai spectacle : les rives défilant lentement dans une lumière dorée, les enfants saluant sur les berges, les pêcheurs jetant leurs filets, et au loin, les mosquées illuminées de néons colorés, une particularité typiquement égyptienne qui a surpris et amusé beaucoup d’entre nous.
En soirée, notre bateau a passé les écluses d’Esna, moment toujours impressionnant où l’on voit le niveau de l’eau se modifier lentement, entouré d’autres navires prêts à remonter le fleuve.

Jour 3 — Kom Ombo et soirée orientale

Le troisième jour, nous avons repris la navigation vers Kom Ombo, un temple dédié à deux divinités : Sobek, le dieu crocodile, et Horus, le dieu faucon.
Nous sommes arrivés en fin d’après-midi, en même temps que plusieurs autres groupes, et le site était bondé : foule dense, guides parlant tous en même temps, passages étroits… L’ambiance était intense ! Malgré cela, nous avons pu admirer les bas-reliefs finement gravés et les vitrines abritant de vraies momies de crocodiles — un aperçu insolite de la vénération qu’on leur portait dans l’Antiquité.

De retour à bord, le thème de la soirée était oriental.

L’équipage et notre guide Asser ont terminé le diner par une surprise : un gâteau et une chanson pour fêter l’anniversaire de Patricia — une attention qui a fait chaud au cœur !
Le lendemain soir, ce fut au tour d’Hélène d’être célébrée avec la même bonne humeur.

Buffet aux couleurs d’épices, tenues locales achetées le long du voyage, musique et rires : notre groupe ESCAL a rapidement mis l’ambiance !
Un moment convivial, simple, qui a fait oublier la fatigue et la chaleur du jour.

Jour 4 — Abou Simbel, le joyau du désert

Réveil aux aurores pour l’excursion la plus attendue : Abou Simbel.
Grâce à l’option choisie par ESCAL — déjeuner sur place — notre départ un peu plus tardif nous a permis d’arriver lorsque la plupart des groupes repartaient. Résultat : un site presque vide, baigné d’une lumière magnifique.
Les quatre colosses de Ramsès II, taillés dans la falaise, imposent le silence dès le premier regard. Entrer dans le temple principal et voir les statues intactes à l’intérieur, c’est comme remonter le temps.

Le déjeuner, pris au restaurant d’Abou Simbel, a été l’occasion de découvrir quelques saveurs locales : une petite soupe épicée servie avec du pain et une sauce au sésame en entrée, puis un tajine (au choix : poulet, bœuf ou poisson) accompagné de riz, avant un dessert de fruits frais — bananes et melon vert — et un thé ou un café pour terminer.

L’après-midi, Asser proposait en option une balade en bateau sur le lac Nasser, pour ceux qui le souhaitaient.
Cette navigation offrait une vue splendide du site depuis l’eau : l’occasion de réaliser l’ampleur du travail titanesque entrepris pour déplacer le temple pierre par pierre après la construction du barrage.

Le soir, retour à Assouan pour le spectacle son et lumière de Philae.
Traversée en bateau jusqu’à l’île, temple éclairé, narration rythmée : un moment paisible, à mi-chemin entre conte et histoire.

Jour 5 — Philae, felouque, botanique et village nubien

La matinée a commencé par la maison des huiles essentielles, où nous avons découvert les fragrances locales : lotus bleu, papyrus, jasmin, nigelle…
Puis, visite guidée du temple de Philae par Asser : une plongée plus approfondie dans les symboles déjà évoqués la veille au spectacle, avec de nouvelles anecdotes et points de vue.

Après le déjeuner, départ en felouque sur le Nil.
Sous le vent chaud et les voiles gonflées, tout le groupe s’est laissé porter.
Un moment joyeux : un marin nubien s’est mis à chanter, accompagné d’un petit tambourin local, et bientôt tout le groupe a tapé des mains en rythme, reprenant la chanson en chœur dans une bonne humeur communicative.

La navigation s’est poursuivie jusqu’au jardin botanique d’Assouan, guidés par Mohamed Arabi, surnommé « The Birdman of Aswan ».
Cet ornithologue, véritable référence locale et fils d’un ancien jardinier du site, collabore régulièrement à des reportages sur la faune du Nil.
Grâce à lui, nous avons observé plusieurs espèces : des guêpiers d’un vert éclatant, des martins-pêcheurs, des hérons cendrés planant au-dessus des roseaux…

Nous avons ensuite accosté pour visiter un village nubien.
Maisons colorées, murs peints de motifs naïfs, ânes paisibles, enfants riant : un voyage dans le temps. Le village, simple et modeste, témoignait d’une vie tranquille, presque hors du monde.
Asser nous a expliqué que leurs valeurs reposent sur la famille et la terre : peu de biens, mais beaucoup de sérénité.
Les enfants, en jouant près d’une cour, sont venus à notre rencontre : poignées de mains, high five, rires et curiosité.

En option, Asser proposait une mini-croisière dans la réserve naturelle pour ceux qui le souhaitaient.
Nous y avons découvert les cataractes du Nil, ces tourbillons et courants rapides caractéristiques de la région, tout en continuant à observer les oiseaux avec Mohamed Arabi.

L’excursion s’est terminée sur une petite plage-café locale : une paillote où chacun a pu choisir entre se baigner, grimper la dune pour admirer la vue, ou savourer un thé à la menthe et une chicha à l’ombre.
Un moment de détente apprécié avant le retour au bateau.

Le soir, place à la soirée nubienne !
Des danseurs traditionnels ont animé le spectacle, puis invité les passagers à les rejoindre pour un mini-cours de danse nubienne. Rires garantis, suivis d’une petite séquence humoristique improvisée par un animateur — un moment festif et convivial pour conclure la journée.

Jour 6 — Navigation et temple d’Edfou

Après une nuit paisible sur le Nil, nous avons repris la route fluviale vers Edfou.
L’astuce d’Asser d’inverser l’ordre du programme s’est révélée judicieuse : arrivés en milieu d’après-midi, nous avons trouvé le temple presque vide.
Consacré à Horus, il est l’un des mieux conservés d’Égypte.
Les immenses colonnes sculptées, les bas-reliefs d’une finesse remarquable et les jeux d’ombre dans la cour principale créaient une atmosphère majestueuse.
Sous la chaleur toujours présente, la visite a été un vrai plaisir pour les amateurs d’histoire et de photographie.

Jour 7 — Montgolfière, Karnak et balade en calèche

Départ à 4 h 45 du matin pour ceux ayant choisi l’option montgolfière.
Sur le terrain d’envol, dans l’obscurité encore bleutée, les ballons s’illuminaient peu à peu : un ballet de flammes et de tissus colorés.
Le vol, organisé par la société Magic Horizon Balloons Louxor, reconnue pour son sérieux et agréée par l’aviation civile égyptienne, s’est déroulé dans des conditions idéales.

L’envol au lever du jour fut un moment magique.
Depuis le ciel, la vue sur le temple d’Hatchepsout, les Colosses de Memnon, les villages, et plus loin le Nil se teintant d’or derrière les montagnes, offrait un spectacle grandiose.
Un moment inoubliable, gravé pour tous ceux qui l’ont vécu.

L’atterrissage, en revanche, a été particulièrement mouvementé : un « hard landing » dans les champs, secouant vivement les passagers.
Quelques chocs, des lunettes envolées, des douleurs au dos ou au cou pour certains – rien de grave : surtout des bleus et de bonnes frayeurs.
Le personnel au sol, aidé par des habitants des environs, a rapidement prêté main-forte pour stabiliser le panier et récupérer les effets tombés.
Selon la littérature aéronautique (ResearchGate – Hot Air Balloon Accidents), ce type d’atterrissage « ferme » fait partie des scénarios reconnus en montgolfière : les pilotes doivent composer avec le vent et poser là où les courants le permettent, même sur terrain irrégulier.
Le commandant a fait preuve de sang-froid assurant un atterrissage sûr malgré les conditions.

De retour au bateau, un bon petit-déjeuner a permis de se remettre de ses émotions avant la suite de la journée.

Direction ensuite Karnak, immense complexe religieux.
Parmi les colonnes monumentales de la salle hypostyle, on se sent minuscule.
Nous nous sommes arrêtés devant la statue de Sekhmet, symbole de force et de protection ; chacun a pu effleurer les murs du sanctuaire, imprégnés de cette énergie symbolique, pour « recharger les batteries » avant de poursuivre la visite.

Avant de retourner au bateau, un arrêt dans une boutique de papyrus a permis une démonstration du procédé de fabrication, suivie d’un temps libre pour flâner ou faire quelques achats.

En fin d’après-midi, Asser proposait, en option, une balade en calèche.
Cette activité, absente du programme initial, lui tenait à cœur : il connaît ces caléchiers qui prennent soin de leurs chevaux, bien nourris et traités avec respect – une manière d’encourager les professionnels responsables, à l’opposé de ceux que l’on voit souvent épuisés par la chaleur, le manque de nourriture et la surcharge.
La promenade a permis de découvrir le vieux Louxor, ses ruelles animées et ses scènes de vie quotidienne, dans une atmosphère paisible et authentique.
Elle a aussi révélé la réalité plus modeste du pays, rappelant combien cette région, au-delà des sites pharaoniques, vit encore simplement.

Le soir, retour à Karnak pour le spectacle son et lumière.
La première partie, en déambulation, permettait d’admirer les monuments illuminés et d’en tirer de superbes photos.
La seconde, plus statique devant le lac sacré, s’est en revanche révélée longue et décevante, surtout pour ceux qui ont déjà assisté à des spectacles immersifs comme Aura Invalides à Paris.

Jour 8 — Medinet Abou et retour à Paris

Dernier matin du voyage : petit-déjeuner, valises déposées devant les cabines pour le check-out, puis départ à 9 h 30 pour la dernière visite.
Grâce à Asser, un taxi-bateau nous a fait traverser directement le Nil pour rejoindre notre car et gagner du temps.

La visite de Medinet Abou, temple de Ramsès III, a été une merveille pour conclure le séjour.
Les couleurs, d’une vivacité rare, étaient encore éclatantes malgré les siècles. Le site, presque vide lors de notre passage, offrait un calme impressionnant après tant de découvertes.
Une visite paisible et splendide, véritable bouquet final de cette croisière.

Retour ensuite au bateau pour récupérer les valises, transfert vers l’aéroport, vol de retour vers Paris vers 15 h, et arrivée en début de soirée.
Les visages fatigués mais rayonnants disaient tout : cette croisière restera dans nos mémoires comme un voyage exceptionnel, à la fois culturel, humain et inoubliable.

Conclusion & remerciements

Ce voyage restera comme l’un des temps forts de l’année ESCAL.
Un immense merci aux participants pour leur enthousiasme, leur curiosité et leur bonne humeur, qui ont fait de cette croisière une expérience unique.
Merci à Asser, notre guide passionné, pour son professionnalisme, sa bienveillance et ses attentions permanentes tout au long du séjour.
Merci également à Valérie Seldir, conseillère sociale régionale (CSR du CLAS-RP), pour son accompagnement et à l’équipe du CLAS-RP pour la subvention attribuée, sans laquelle ce projet n’aurait pu voir le jour.

Enfin, bravo à toutes celles et ceux qui ont contribué à l’organisation, à la coordination avec notre agence partenaire et à la réussite de ce magnifique voyage.
Entre temples, Nil et rires partagés, l’Égypte nous aura offert bien plus qu’un décor : une aventure humaine et culturelle mémorable.